Centre d’Appui aux Services de Médiation de Dettes
de la Région de Bruxelles-Capitale

Et si on échangeait les places ?

Les 26 et 27 mars 2015, nous avons organisé une formation intitulée « Et si on échangeait les places ? ».

Le groupe de soutien pour personnes surendettées était né une année plus tôt. Les apports et les réflexions suscitées par cette expérience originale ont donné l’idée à Alain Joret et à l’équipe du CAMD de créer une première rencontre entre les personnes surendettées et les professionnels.

L’objectif était de confronter les médiateurs amiables au témoignage des personnes du groupe de soutien et de leur permettre de construire ensemble une réflexion sur la relation médiateur-médié.

La méthode ?

Deux journées de mise en situation par le jeu de rôle animées par Alain et Jimmy Swaelens, metteur en scène et animateur des ateliers théâtre au sein du groupe de soutien.

Une formation ?

Oui, bien sûr, sauf si l’on considère qu’une formation doit forcément s’accompagner d’un syllabus de 50 pages au moins contenant quantité d’informations précises et objectives.

Formation et transformation ...Des deux côtés de la barrière !

Les médiateurs présents ont été bousculés par les interpellations des médiés. Ils y ont découvert ou redécouvert l’importance de l’écoute, l’importance de faire de la place aux émotions dans leur travail, de tenir compte du contexte global des personnes.

Bousculés aussi parce que ces apports n’ont pas été transmis par un discours académique mais par l’expérience de s’impliquer dans la relation et d’oser se mettre en scène sous le regard des autres, tant dans le rôle d’aidant que dans celui de personne en souffrance.

Les médiateurs ont ainsi pu parler de leurs peurs : peur de se tromper dans leurs conseils, de ne pas bien aider la personne, de ne pas avoir de solution à proposer. Et aussi de leur frustrations quand le manque de temps ou l’étroitesse de la marge de manœuvre freinent l’aide qu’ils peuvent proposer.

Ce qui a marqué les médiés qui ont participé à ce travail, c’est d’avoir face à eux des personnes avec toute leur humanité, au-delà de l’image qu’ils avaient des professionnels : ils ont été étonnés de sentir les craintes et les limites des professionnels.

Tous ont apprécié la dimension conviviale de la formation : cela a permis une vraie rencontre entre des personnes, quelle que soit la position des uns et des autres.
Une formation que chacun, médiateur, médié ou animateur, a trouvé enrichissante, et dont tous sont sortis « vidés » par la quantité d’émotions vécues durant ces deux journées.

En fin de formation, certains travailleurs du Centre d’Appui ont été invités à participer à une évaluation « à chaud » de l’expérience. En présence de Nathalie Cobbaut, journaliste des Echos du Crédit qui a rendu compte de la formation dans le numéro 46, « Vis ma vie », p 6 et 7 de la revue.

S’il fallait conclure ?

D’abord, avec les membres du groupe de soutien : affirmer qu’échanger les places, comprendre le surendettement de l’intérieur sans l’avoir vécu, ce n’est pas possible.

Pas contre, entrer en dialogue et construire une relation pour avancer ensemble et collaborer à trouver des solutions, c’est possible et souhaité par tous.

C’est déjà bien souvent le cas dans les suivis proposés par les différents services de médiation, cela peut s’améliorer en s’en donnant le temps, en faisant plus de place à l’émotionnel, au relationnel et à l’écoute.

S’il y avait des suites ?

D’autres formations les années suivantes, pour permettre à d’autres de vivre l’expérience, pour améliorer la formation des professionnels à l’écoute, pour mieux comprendre et ressentir le vécu des personnes en surendettement. Et peut-être aussi de proposer ce genre d’expérience à des médiateurs judiciaires…

Suite au prochain numéro, c’est –à dire à l’édition 2015-2016 du catalogue de formations du CAMD.

Et du côté des personnes du groupe de soutien de réfléchir aux ressources que les personnes du groupe pourraient mettre à la disposition d’autres. On pense par exemple à permettre aux personnes surendettées d’être écoutées par d’autres au sein de groupes de soutien ou individuellement, d’être accompagnées lors de démarches qui semblent difficiles, insurmontables.

Le mot de la fin à une médiatrice

« Je me souviendrai de ces deux jours où il y a eu énormément de chaleur, énormément d’émotions, énormément d’échanges, d’oreilles, d’écoute, mais ce qui résume le mieux ces deux jours c’est le mot « empreinte » parce que l’empreinte, elle restera.  »

Et en primeur quelques commentaires des participants

« J’ai trouvé cette rencontre très riche : on voit les personnes qu’on aide différemment. On voit qu’il n’y a pas que la tristesse, que la souffrance, qu’on peut aller chercher autre chose, qu’elles sont pleines de ressources aussi ! »

« Ca m’a apporté une autre lecture, une autre paire de lunettes par rapport à ce qu’on vit au quotidien, que ce soit d’un côté ou de l’autre du bureau »

« Heureuse initiative que cet échange d’expériences. J’ai fortement apprécié le souci des animateurs de nous (médiateur/trice et groupe de soutien)‘’obliger’’ à explorer et mettre en scène nos émotions alors qu’il nous est si facile dans notre discipline de nous retrancher derrière un langage juridico-socio-financier pour les un(es) et pour les autres un langage victimaire ! Chapeau ! »

Alain Joret

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